Visages Volcaniques, l’exposition.

Exposition en cours / CASA ROMBOS / MEXICO CITY
 

À propos de l'exposition de Michaël Luppi en Casa Rombos


J'ai rencontré Michaël et il est apparu de façon vitale, il a immédiatement pris possession de ces espaces, il les a faits siens, j'ai pensé que ses personnages devraient être nos visiteurs, et de cela est né cette oeuvre, simplement, sans autre but qu’abriter le talent et la vision de celui qui vit, rêve, crée et sait les partager, sans l’intermédiaire d’«experts » et avec nulle autre «ambition» que de célébrer la vie, comme lorsqu’enfant on sort dans la rue pour jouer. Si le travail est une extension du «je», j’y vois ici une relation conflictuelle, difficile à porter. 

Je vois la pénombre dans son regard, aussi la lumière, des images qui abritent l'abîme, aussi l’allégresse. Il semble que la liberté ne soit pas seulement un désir. Elle semble être un choix, je pense que seuls les pleurs et le souvenir ne le sont pas, ils ne dépendent pas de nous et je crois que c’est dans cette liberté que le monde bouge, circonscrits par cela on avance, sur la douleur que recouvre l'oubli, le temps comme allié, alors on se rend compte qu'on l’on n’a créé ni l'arôme, ni l'épine, ni la douleur, mais qu’il nous appartient de reconnaître le coucher de soleil et de le célébrer, comme si c’était le dernier et qu'il avait été sculpté par nous-même.

L'exposition de Michaël est une invitation à célébrer le fait d'être vivant et de n’appartenir qu’à soi, à personne d'autre, ce n'est pas un souhait mais une réflexion pure, simple et sans détour, prendre la vie de front avec la simplicité d'un enfant et la sagesse de celui qui sait emprunter des chemins plus complexes pour toujours revenir au lieu d'origine qui ne sera irrémédiablement jamais le même, le « je » aliénable par la vie.

Miguel Ángel Aragonés, Mexique, 2020

Visages Volcaniques x Casa Rombos, l’explication.

 

Avec son second projet intitulé Visages Volcaniques élaboré durant près de dix ans, Michaël Luppi réitère sa volonté de mettre en lien ses photographies avec le lieu de présentation des oeuvres. 

Pour l'exposition Visages Volcaniques dans Casa Rombos, oeuvre de  l’architecte mexicain Miguel Ángel Aragonés, c’est un véritable travail à quatre mains qui a été réalisé par les deux artistes. MAA et ML ont pensé ensemble l’espace, la scénographie, les tirages photographiques. Les représentations en deux dimensions prolongent l’espace architecturale, la photographie se fait sculpture… une communication esthétique, philosophique, quasi métaphysique s’opère indéniablement. 

L’architecture faite de pierre et d’eau, de noir et de blanc, de lignes radicales mais harmonieuses, de volumes et d’espaces tout aussi majestueux qu’imposants, raffinés et grandioses, offrent un décor sur-mesure à la vision du photographe. Ici, Visages Volcaniques « prend vie ». Emergent alors au milieu de cette « cathédrale futuriste » épurée, de jeunes nus sensuels, fragiles et provocants. Á  ces corps d’hommes et de femmes se mêle une nature sombre et lugubre d’où surgissent des fleurs, des animaux sauvages, ou encore des structures isolées aux allures de dolmen.

C’est dans un savant jeu de contrastes que les deux oeuvres se rencontrent, telles la lumière et l’obscurité ; elles s’affrontent, se complètent, se déchirent, fusionnent, dansent… nous montrant avec force et élégance l’existence dans tout ce qu’elle a de potentiellement magnifique mais fabuleusement vulnérable à la fois. 

Parsemés au fil de l’expositions, des extraits de l’essai philosophique Eloge du risque, de la romancière et psychanalyste Anne Dufoumantelle, nous apparaissent comme les guides bienveillants de cette démarche introspective. 

En ces temps incertains tant sur le plan politique, social que sanitaire, Visages Volcaniques, Casa Rombos et Eloge du risque viennent nous rappeler ensemble « que l’on n’a créé ni l'arôme, ni l'épine, ni la douleur, mais qu’il nous appartient de reconnaître le coucher de soleil et de le célébrer, comme si c’était le dernier et qu'il avait été sculpté par nous-même. »

En définitive pour Michaël Luppi, le lieu d’exposition est tout aussi porteur de sens que les photographies exposées. Ce n’est même qu’à partir de lui qu’une oeuvre peut être complète, totale et compréhensible. Le lieu d’exposition ne peut être régi  par les caprices du marché de l’art. Ce qui importe, c’est la richesse du dialogue qu’il instaure avec les images elles-mêmes. 

Pour ML la fin d’une série photographique ne se décide pas. Elle s’impose à l’artiste, comme un lourd et agréable sommeil. Elle fait sens dans son parcours et dans celui de ceux qu’elle implique. Elle connecte les êtres, les lieux, les visions et les temps. Et au hasard d’un voyage ou au gré d’une rencontre, comme ce fut le cas avec Miguel Ángel Aragonés, soudain tout s’illumine… et une exposition unique, exclusive et singulière surgit de la pénombre. Tel un rêve.

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